les péripéties de droles de cyclistes au fil des saisons de compétitions
ETAPE DU TOUR
MONTELIMAR LE VENTOUX
LUNDI 20 JUILLET.
Dimanche matin je récupère Gérard à 8h00 chez lui et on part en direction de Montélimar. 11h00, nous arrivons. Le temps de chercher un peu, on gare le fourgon et on part dans le village de la course chercher dans un premier temps, nos dossards. Pas de queue, c'est génial, l'organisation est au top. Avec le dossard on a une puce qui se fixera à la cheville.
Visite jusqu'à 13h00 du village de l’étape du tour et des divers stands. Quasiment toutes les marques de vélo les plus populaires sont représentées et il y a de quoi rêver. Puis, il est l’heure de manger, ce que nous ferons assez rapidement.
On refait un tour rapide du village et on part direction notre hébergement pour la nuit, qui se trouve à 15 km à Viviers en Ardèche. C’est un camping, on s’installe, pour pouvoir passer une nuit des plus reposantes avant cette fameuse étape. De temps à autres, nous l’évoquons avec Gérard. Il faut dire que les heures qui passent nous rapprochent à peu à peu du départ….
Une fois installés, la préparation des vélos se fait peu à peu, ainsi que les dernières vérifs.
De temps à autres passent devant nous des concurrents et nous échangeons quelques paroles.
Il est19h30, on se décide à aller manger. On part, chercher un restau et on trouvera d'ailleurs un petit truc sympa qui nous fera un repas style cycliste. Des cyclistes, il y en a de partout et d'ailleurs à côté de nous, il y a une tablée d'une dizaine de gars avec qui nous échangerons quelques impressions.
Dans la bouche de tout le monde l’important est de finir, de rester planqué jusqu ‘au pied du Ventoux et après…… On verra bien… !
Avec Gérard, on calcule un peu tout de même pour se mettre en tête un horaire, des plus raisonnables bien sur. Et puis une chose importante à prendre en compte vu ce qui nous attends, c’est la forme que l’on aura le jour J.
Mon analyse, finir vers les 15h00 sachant que le départ est à 7h00 en attaquant la montée du Ventoux vers 13h00. Et surtout finir.
Mon pronostic est dans ma tête et je le choisi des plus raisonnables.
Retour au camping de bonne heure et on va se coucher.
Réveil 3h30, les SAS ferment à 6h30, faut pas lambiner, tout le matériel est à ranger: tente etc... Le stress ? Oui oui, il y en a....
On déjeune comme un jour de course, rangement du campement, toilette, on est fins prêts, habillés, gels dans les poches bref, on ne devrait et il faudra, ne rien oublier.
5h30 on décolle du camping direction Montélimar.
On arrive pas loin du départ, et nous avons de la chance, garer le fourgon est un jeu d’enfants, il y a pas mal de places de libres. On sort les vélos et on se rend vers les SAS.
Nous ne sommes pas dans le même, au moment de se séparer, une poignée de main et nous ne nous reverrons plus jusqu’au soir.
Il ne fait pas très chaud, le stress est présent, il n'est que 6h15 il y a 3/4 d'heure à attendre. Je discute avec un concurrent qui est à côté de moi, le temps passe un peu plus vite. Puis, au micro, on entend le briefing de la course. Tout le monde est attentif. Dans mon SAS, nous sommes 1500.
7h00 ! Le départ est donné. Les 4 SAS devant le mien s'élancent tour à tour puis vient le tour du mien. On est en plein dans la ville, ça part raisonnablement car il y a des virages, des îlots et de toutes façons, tant qu'on est pas sous le portique de chrono ne démarre pas.
Le portique est passé, un long cordon de cycliste se déroule tout le long de la route. C'est serré et faut faire gaffe. Le départ est légèrement vallonné. je suis assez tendu et à l'écoute du moindre signe de quelque chose qui n'irait pas. Rien du tout pour l'instant. Les jambes ne me font pas mal et de toutes façons je ne me ferai pas mal durant 150km. On arrive au pied de la première difficulté. Une côte de 4 ou 5 km. Je ne lève pas le petit doigt, je la monte sans jamais me faire mal. De part et d'autre, il y en a un paquet à qui les jambes piquent. Ca double, ça part dans tous les sens, c'est très nerveux.
On bascule et en avant pour la 1ere descente et les 1ere chutes. C'est n'importe quoi. Ca double n'importe comment et ça descend nerveusement. Je reste bien de côté, et je n'alimente mon allure que de quelques tours de pédalier sans jamais forcer. Ensuite, le profil sera assez vallonné. Tantôt des petites bosses puis des descentes. Tout le long, nous monterons plus que ce que l'on aura à descendre. La 1ere heure est passée et j'ai 33 km au compteur. Ma forme va bien et j'en profite pour m'alimenter.
Nous traversons des villages ou le public est bien présent et nous encourage fortement. Nous ne sommes encadrés que par des motards de la gendarmerie. J'attends avec impatience le col D'ey. C'est un joli petit col qui serpente au milieu des champs. Nous arrivons au pied et j'entame l'ascension. Je monte régulièrement, je ne force pas, je double ce que j'ai à doubler, et je me fais doubler mais qu’importe…
6 ou 7 km plus loin, on bascule sur une descente dangereuse. Des pancartes nous le signale. Et c'est reparti pour une descente dans le n'importe quoi. A peine basculé, le temps de prendre de la vitesse, j'entends un vélo qui me vient par la gauche. Je jette juste un oeil, sa roue est à la hauteur de mon pédalier et je vois le vélo se coucher, j'entends un bruit d'enchevêtrement de cadres. Je m'attends dans l'instant à être percuté par le travers au niveau de ma roue arrière. Je m'y attends pour éventuellement parer le coup. J'ai du bol, je ne suis pas touché et je continue ma descente.
Les jambes vont toujours bien, rien ne sonne faux. Tout va bien. Je suis tout de même toujours tendu. Je fais gaffe de bien boire et bien m'alimenter. On arrive au 1er ravitaillement. On ne manque de rien, c’est impressionnant.
Je repars en direction de la prochaine difficulté, encore un petit col que je monterai et descendrai sans forcer en doublant et me faisant doubler sans être affecté par quoi que ce soit. Les km défilent,mais toujours en gardant à l’esprit qu’il faut s’économiser. Et pour cause, je sais ce qu'il y a après.
Le Ventoux ? Nous sommes derrière et il nous nargue de sa hauteur. Faudra en faire tout le tour pour arriver au pied. Avant d'arriver à Sault ou le compteur marquera les 115 km on a encore un col à monter. Puis se sera la descente de Sault en direction de la dernière petite difficulté, le col de ND des Abeilles. Je le monte en compagnie d'un gars, on blague un peu, on se dit que tous les fadas qui lâchent les chevaux dans cette montée vont le payer cash puis, il passe derrière et je ne le verrai plus.
A présent, il y a une descente qui nous amènera presque jusqu'à Bedoin pied du col du Ventoux. Il y a environ 25 Km de descente à 10% environ.
Je ne change rien, pas de coup de pédales intempestifs pour relancer, c'est pas la peine une fois de plus de brûler des cartouches pour rien. Je ne suis pas loin du pied du Ventoux, j'essaye d'en garder un maximum et pour l'instant les sensations sont assez bonnes. On traverse Villes su Ozon assez rapidement, le village est en descente et là aussi, applaudissements et encouragements de la part du public. A présent, pour rejoindre Bedoin, il y a un faux plat descendant avant d'arriver en plaine et retrouver un peu de vallonné.
Enfin Bedoin ! arrêt au ravitaillement, je remplis mes bidons, je repars aussitôt. Ca y est, j'y suis au moment tant redouté ! Ca commence par un faux plat qui va s'incliner de plus en plus jusqu'au dernier hameau. Dans Bedoin, c'est magique ! il y a un cordon de spectateurs de part et d'autre de la route sans interruption jusqu'à la sortie du village. Tous nous respectent et certains même ont porté de l'eau pour nous arroser un peu avec un grand respect. En effet, ils nous le demande avant.
Je profite de ces derniers km de faux plat, enfin, faux plat de 5 à 7 %, pour m'alimenter avant que ça se redresse fortement. Les jambes vont bien, je n'ai pas mal aux cuisses par contre il fait très chaud. Il y a 35°C à présent et il est 13h00 quand, je passe l'épingle qui délimite le départ de l'ascension des 12 premiers Km qui devraient m'amener au Chalet Reynard. Pente entre 10 et 11 % sans jamais faiblir.....
je grimpe régulièrement entre 9 et 10 km/h. Beaucoup ont mis pied à terre et marchent ou se reposent. C'est impressionnant de voir dès les 1ere rampes tout ce monde qui n'avance plus... Il y en a qui sont complètement avachis ou allongés en train de récupérer. C'est vrai qu'au compteur on a à ce moment là à peu près 160 km. Jusqu'au 8eme km de l'ascension ça ira puis, j'ai les pieds qui me brûlent, surtout le droit. Je ne compte plus les gars qui font des malaises et les ambulances commencent à les ramasser. Il y en a qui sont couchés, d'autres qui tombent ou pliés en deux se tenant le ventre bref, c'est l'hécatombe.
La pente est de plus en plus raide, je prends un rythme de respiration un peu forcé et de mon nez les gouttes de sueur tombent sans interruption. Je décide de faire une pause car les pieds me font de plus en plus mal de plus on est au soleil et il fait très chaud. Tout est réunis pour se taper une hypo. Je m'arrête, je fais une pause de 5 mn environ. J'enlève mes chaussures et je m'assied à l'ombre. J'en profite aussi pour me ravitailler. Un gars s'arrête devant moi, laisse tomber son vélo et s'assied lourdement. Je lui demande si ça va, il me répond qu'il arrête là, il n'en peut plus.
Je remet mes chaussures et je repars un peu en marchant sur 50 mètres environ puis de nouveau je remonte sur le vélo pour poursuivre l'ascension. Je suis assez frais , 2 km plus loin, je remet le pied à terre pour bien gérer la montée et ne pas me mettre dans le rouge. je ne m'arrête pas, je marche 2 ou 3 minutes et remonte en selle de nouveau jusqu'au ravitaillement du Chalet Reynard. Ouf, enfin de l'eau.... Tout le long, il y en a qui souffrent vraiment et même qui sont à terre inanimés. Les médecins et ambulances ne chaument pas. D'ailleurs, tout au long de la montée, on est bercés au son les sirènes des divers secours. Je repars du ravito mes 2 gourdes pleines, pour finir la montée. A présent, il y a 4 km à 7 % puis les 2 derniers à 10 et 11 %.
Les 4 km se passent bien, sans me mettre dans le rouge, puis quand j'aperçois la flamme des 2 derniers km, là ou la pente se redresse, je remet le pied à terre afin de me refaire en marchant un peu. A ce stade de la montée, il n'y a plus d'arbres, il fait très chaud et c'est toujours le même spectacle avec des personnes dans des états parfois inquiétants...
Je reprends la route voilà le dernier Km. La flamme des 500 m puis c'est la fin, je passe le dernier virage à la corde. Le portique est juste devant moi, je passe dessous et c'est un grand soulagement.
La ligne passée, je m'arrête un peu pour regarder autour de moi. le spectacle est mitigé, il y en a qui vont bien et d'autres qui se tiennent la tête dans les mains, ou le ventre ou d'autres encore qui sont allongés. La pression se relâche.
Je ne tarde pas car le fils de Gérard, Grégory m'attends à Malaucène pour me ramener chercher le camion à Montélimar. J'entame la descente vers le mont saurin ou l'on doit rendre les puces. La descente se fait sans encombres. Je rends ma puce, et il restera plus que 12 km de descente pour me rendre à Malaucène.
J'arrive à Malaucène, je met le vélo dans la voiture et direction Montélimar. Je récupère le camion et je retourne chercher Gérard.
Puis, ce sera le retour chez nous à Six Fours.
C’est une épreuve qui est vraiment à faire, je pense me réinscrire l’année prochaine.
Merci à Grégory qui m’a attendu pour pouvoir m’amener rechercher le fourgon à Montélimar.
A bientôt, J-Louis.